lundi 24 avril 2017

Frank Turner : comme à la maison ! (Frank Turner & The Sleeping Souls - Maroquinerie - 21/04/17)


De retour avec son groupe, les Sleeping Souls, à Paris, après un passage en solo en septembre 2015, Frank Turner assurait ce soir là sa dernière date en France de la tournée de promotion de son album « Positive Songs For Negative People ». On pouvait compter, comme à chaque fois, une colonie britannique conséquente dans l’assistance, pouvant applaudir l’artiste dans une salle à taille plus humaine que dans les grandes enceintes outre-Manche. C’est Sam Duckworth, qui a lancé la soirée avec un set acoustique. L’artiste du groupe Get Cape. Wear Cape. Fly a touché le public avec des compositions sensibles. Il en a profité pour tacler le Front National et Marine Le Pen, alors que le premier tour de l’élection présidentielle n’était prévu que deux jours plus tard avec le résultat que l’on connaît aujourd’hui…

Retour à la musique avec l’acolyte de Frank Turner et ami de longue date, Forest Pooky, accompagné ce soir d’un guitariste pour nous emmener dans son univers parfois teinté de blues, mais aussi de folk. Alternant le français et l’anglais pour satisfaire l’ensemble du public présent, il a livre un set toujours aussi prenant et sincère. Sa voix puissante et son sens de l’interprétation sont toujours aussi forts. Il a également raconté quelques anecdotes comme celle qui a donné naissance au morceau « Lullabies » : lorsqu’il était enfant, il faisait des cauchemars avec un requin à tête de chat ! Peu après 21h et un changement de plateau rapide, Frank Turner et les Sleeping Souls ont investi la scène, lançant le set sans crier gare par plusieurs morceaux de leur dernier album. « Get Better », « Glorious You », « Josephine » et « The Next Storm » ont littéralement électrisé le public. C’est bien simple, de bout en bout du show, on aura entendu autant les fans reprendre les chants en chœur que Frank Turner et ses acolytes !

Toujours aussi content d’être en France et parlant la langue de Molière du mieux qu’il peut, Frank Turner a toujours cette classe et cette propension à interpréter ses morceaux avec une générosité et une authenticité rares. Pas le temps de souffler que « Recovery » a continué d’embraser la foule. L’artiste anglais n’a pas manqué d’indiquer qu’il s’agissait du premier concert en compagnie des Sleeping Souls depuis le mois de décembre 2016, date à laquelle le claviériste Matt Nasir était devenu papa pour la première fois. Car un concert de Frank Turner, c’est aussi de nombreuses anecdotes et moments de partage entre lui et ses fans. Après « Peggy Sang the Blues » et « Losing Days », il a rappelé l’histoire derrière le morceau « The Way I Tend to Be ». Ce titre parle en effet d’une rupture sentimentale qu’il a connue. Peu de temps après, alors qu’il était en tournée en Australie, il a tenu un koala dans ses bras dans un zoo. L’animal, qui sentait fort les feuilles d’eucalyptus, lui rappelait l’odeur du shampoing de son ex !

Un autre beau moment de partage est survenu lorsqu’il a interprété, en français et seul sur scène, le morceau « Substitute », alors que son technicien guitare lui tenait la traduction des paroles en français. Si souvent, on peut parfois penser que des textes en français sont moins efficaces et parfois un peu « gnangnan », il a prouvé qu’une bonne mélodie et une bonne écriture font une bonne chanson ! Après le titre gag « Putain de Bordel de Merde », il a poursuivi avec « St Christopher Is Comig Home » et le rafraîchissant « The Opening Act of Spring ». Le concert commençait petit à petit à toucher à son terme alors qu’est intervenu «  Mittens » C’est sur « Photosynthesis » qu’il a choisi de dire une première fois au revoir à ses fans. 

Mais c’était bien évidemment pour revenir de plus belle pour le traditionnel rappel avec le classique « Love Ire & Song », repris comme un seul homme par tout le public. Après « The Road », l’enchaînement parfait « I Still Believe », puis « Four Simple Words », directement lancé en supprimant l’introduction, a achevé les débats en apothéose. Frank Turner a fini par slammer dans la fosse, rappelant les racines punk rock de ses débuts avec son groupe Million Dead. Trempé jusqu’aux os, depuis le début du concert, il n’a pas manqué de faire une annonce de taille : le groupe va prochainement se mettre au travail sur un nouvel album et promet, à l’avenir, de toujours passer par la case France à l’occasion de ses prochaines tournées. On a déjà hâte d’y être... Si l’on devait résumer l’essence même de la musique, du rock et de la générosité en deux mots : Frank Turner !

Setlist

1. Get Better
2. Glorious You
3. Josephine
4. The Next Storm
5. Out of Breath
6. Recovery
7. I Am Disappeared
8. Peggy Sang the Blues
9. Losing Days
10. The Way I Tend to Be
11. Journey of the Magi
12. Substitute (en français)
13. Putain de Bordel de Merde
14. St. Christopher Is Coming Home
15. The Opening Act of Spring
16. Mittens
17. If Ever I Stray
18. Photosynthesis

Rappel

19. Love Ire & Song
20. The Road
21. I Still Believe
22. Four Simple Words

jeudi 20 avril 2017

Ed Sheeran, le sacre d’un prince à Bercy (Ed Sheeran - 06/04/17 - AccorHotels Arena)

Il semble désormais loin le temps où Ed Sheeran jouait à la Cigale et pourtant ce n’était qu’en 2012 ! Après un Zénith en 2015, c’est dans un Bercy à guichets fermés que le jeune homme, désormais star incontestée de la pop internationale, se produisait, à l’occasion de sa tournée européenne pour la sortie de son troisième album « ÷ ». Aux alentours de 21h, après un changement de plateau d’une vingtaine de minutes, il est apparu simplement sur le côté de la scène, a grimpé les escaliers et est venu s’installer, muni de sa simple guitare et de ses enregistreurs pour créer des boucles. Car, comme à son accoutumée, c’est seul qu’Ed Sheeran assure le show. Et si vous pensiez qu’il faut un groupe pour pouvoir assurer un concert digne de ce nom, vous vous trompez ! Ici, l’adage « On n’est jamais mieux servi que par soi-même » trouve tout son sens.

Sans laisser souffler le public et sous les acclamations stridentes de la majeure partie - féminine - du public, Ed Sheeran a lancé les hostilités avec son déjà tubesque « Castle on the Hill ». Une entrée en matière littéralement parfaite pour lancer une soirée qui sera placée sous le signe de l’émotion, du partage, de la simplicité mais aussi du talent d’un showman taillé pour les grandes enceintes. Accompagné par un mur d’écrans en fond de scène et des éclairages travaillés, le chéri de ces dames aux cheveux roux a enchaîné avec « Eraser », prouvant, si on pouvait encore en douter, qu’il n’a rien à envier aux plus grands rappeurs. Juste avant « The A Team », il n’a pas manqué de rappeler que la première fois qu’il avait joué à Paris, c’était devant quelques centaines de personnes, alors que ce soir 17 000 fans étaient là pour lui. Une façon de remercier ceux qui étaient présents dès la première heure comme ceux qui l’auraient découvert récemment.

Le concert bien lancé, Ed Sheeran a poursuivi avec un medley « Don’t / New Man », qui a fait grimper la température. Que dire plus tard que « Bloodstream », sur lequel il a fait participer le public en levant et abaissant le bras, et dont la montée en puissance sur le final a littéralement fait exploser le public. Un peu de répit ensuite avec le morceau « Happier » tout en émotion. Il est vrai qu’Ed Sheeran n’a pas son pareil pour chanter les amours déçues, les histoires d’amitié ou de famille, avec justesse et sensibilité. La joie est ensuite revenue avec « Galway Girl », qui a fait danser les foules. Une autre trouvaille du chanteur a été le medley « Human / I See Fire ». Le morceau de Rag'n'Bone Man s’est en effet parfaitement mêlé à son titre. Un autre moment fort est survenu sur « Supermarket Flowers », titre en hommage à sa grand-mère, sur lequel les lumières des téléphones portables se sont allumées aux quatre coins de Bercy.

Lentement mais sûrement, le concert commençait à se diriger vers son terme mais il restait encore quelques pépites à découvrir. Sur « Nancy Mulligan », c’est une plongée au cœur d’un mariage irlandais qui nous a été proposée. L’ambiance intimiste est revenue sur le classique et sentimental « Thinking Out Loud », qui a provoqué une nouvelle salve de cris de la gent féminine dans les gradins de Bercy. Sans transition et afin de transformer la salle en lieu de fête, « Sing » est arrivé en guise d’apothéose. Faisant participer le public sur le refrain, le morceau a signé le premier départ d’Ed Sheeran avant qu’il revienne pour le traditionnel rappel. « Shape of You » a été accueilli sous les hourras du public, alors en ébullition. Il ne restait plus que « You Need Me, I Don't Need You », étiré sur près de dix minutes, sous un déluge de flashs et de projections sur les écrans, pour achever en beauté le show.

On pourra simplement regretter la durée du show, 1h30. Mais face à une telle générosité d’un artiste seul sur scène - un effet spécial à lui tout seul - on ne peut que saluer une performance de haut vol, qui n’a pas besoin de flammes ou d’autres artifices pour embraser le public. Avant de partir, il n’a pas manqué de donner rendez-vous au public l’an prochain. En effet, comme annoncé au Parisien, Ed Sheeran vise désormais le Stade de France à l’occasion de sa tournée des grandes enceintes en 2018. On peut dire, sans se tromper, qu’il a déjà les épaules assez larges, et surtout un talent immense, pour mettre dans sa poche 80 000 personnes et leur faire passer un moment intimiste comme s’il s’agissait d’une soirée avec un bon pote. Ed Sheeran, ou une pop star planétaire dans le corps d’un petit gars Britannique à la simplicité confondante.















Setlist
1. Castle on the Hill
2. Eraser
3. The A Team
4. Don't / New Man
5. Dive
6. Bloodstream
7. Happier
8. Galway Girl
9. How Would You Feel (Paean)
10. Human / I See Fire
11. Supermarket Flowers
12. Perfect
13. Nancy Mulligan
14. Thinking Out Loud
15. Sing

Rappel

16. Shape of You

17. You Need Me, I Don't Need You